Epanalepsis : pixels et point & click ne font pas toujours un grand jeu.

Epanalepsis : pixels et point & click ne font pas toujours un grand jeu.

Epanalepsis est la traduction anglaise d’épanadiplose, une figure de style qui se construit en rappelant le début d’une proposition à la fin de celle-ci. L’exemple le plus connu est « Le Roi est mort, vive le Roi ». Dans le cas qui nous occupe, Epanalepsis est le titre du dernier point & click de Cameron Kunzlman, game-designer responsable notamment de Catachresis et Alpaga Run. Vous n’y avez jamais joué ? Moi non plus… Financé par kickstarter, le soft est présenté comme « un point & click narratif rendant hommage aux aventures cyberpunk dystopiques, à la science-fiction new-wave et au cinéma du début des années 1990 ». Tout un programme…

Voyage dans le temps

Epanalepsis-2Le premier contact avec Epanalepsis renvoie sans ménagement le joueur (au moins) 25 ans en arrière. Contrairement à la tendance actuelle du « pixel-art néo-retro », ici pas question de fioritures esthétiques, on a des gros pâtés de pixels pour représenter une forêt et un personnage dont il est difficile de déterminer s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Ce choix volontairement austère du développeur risque fort d’en rebuter plus d’un même parmi les retrogamers les plus aventureux…

L’interface également recule de trois décennies dans l’histoire du jeu vidéo : il n’y en a tout simplement pas ! Pas de menu, pas d’inventaire, pas de liste d’actions possibles, rien. Les seules touches utilisées sont le F pour passer en mode plein écran (sans possibilité de revenir en mode fenêtré), la touche <Ctrl> pour sauvegarder à la volée et les lettres A et D pour vous déplacer à gauche et à droite. Et là, on touche à un point sensible pour moi. Déjà, dans un point & click, on pointe et on clique, on ne déplace pas son personnage avec le clavier. Bon, quand c’est fait avec les flèches, on peut encore pardonner, quand on doit utiliser ZQSD, ça peut encore passer, mais quand le développeur ne pense même pas à localiser le WASD américain, là je dis non ma bonne Lucette. On va dire que c’est pour faire old-school, comme le fait de ne pouvoir quitter le jeu qu’en utilisant la bonne vieille combinaison <Alt>+<F4>. Plus retro-minded, à part <Ctrl>/X-<Ctrl>/Q, je ne vois pas ^^

And pop goes the item !

epanalepsis-1Le jeu débute dans l’appartement d’un des trois personnages principaux du jeu, Rachel. Il faut la faire aller aux toilettes mais je choisis d’abord d’explorer un peu les lieux, je clique sur tout ce qui est cliquable mais je ne peux ramasser aucun objet, probablement à cause de l’absence d’inventaire pensais-je. Après avoir arpenté les cinq pièces en long et en large, je fais ce qu’il y a à faire puis le jeu me demande d’aller chercher un objet bien précis, que je ne me rappelle pas avoir vu… En repassant plusieurs fois dans chaque salle, je le remarque à un endroit où il n’était clairement pas avant ! Voilà encore un truc qui me déplaît dans certains point & click, l’obligation de suivre à la lettre ce qui est prévu et ne pas pouvoir anticiper la suite des événements. L’auteur trouve une entourloupe scénaristique pour expliquer cette limitation mais je ne suis pas vraiment convaincu par celle-ci…

Gamers just wanna have fun

Epanalepsis-3Une fois la séquence d’objets et d’actions prévue dans l’appartement réalisée, on est autorisé à sortir dans la rue. On parcourt quelques écrans jusqu’à un bar, on discute avec quelqu’un (qui, comme les objets, sort de nulle part d’un endroit par où on est déjà passé), on ressort, on rediscute avec cette personne puis vient la fin du premier chapitre. Le deuxième épisode se déroule vingt ans plus tard et démarre de la même manière : on explore l’appartement du protagoniste, on récupère des objets, on fait quelque chose avec, on sort, on discute avec une ou deux personnes, on passe par une séquence « spéciale » qui poursuit le fil rouge du jeu, puis le chapitre se termine. On attaque donc le troisième, qui se déroule de façon quasiment identique encore une fois. Je n’ai pas encore lancé le quatrième chapitre, je m’ennuyais déjà. Je m’ennuyais même fermement à toujours devoir faire la même chose dans l’ordre exact prévu par le développeur. On est très loin des références du genre de Sierra ou Lucas Arts qui nous déridaient les zygomatiques tout en faisant turbiner nos méninges.

Note

10/20

Epanalepsis est un titre banal, destiné aux plus férus accrocs des point & click qui n’ont plus rien à se mettre sous la dent. Si vous recherchez une expérience moderne plus intéressante, dirigez-vous plutôt vers The Charnel House Trilogy testé le mois passé. Et si vous n’aimez pas du tout ce style de jeu, vous n’allez pas commencer à l’aimer avec Epanalepsis.

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