Prenez quelques jeunes et un psychopathe, laissez-les s’amuser dans la montagne jusqu’à l’aube au gré des envies du joueur. Voila le pari d’Until Dawn, un jeu d’aventure horrifique développé par Supermassive Games et édité par Sony. A une époque où le Survival horror ressemble trop souvent à un film d’action hollywoodien, un retour aux bases du film d’horreur semble être une idée bien inspirée. Mais qu’en est-il dans la pratique?

Huit adolescents dans la montagne, l’aube se lève,  qui est-ce qu’il reste?

Huit jeunes américains tous plus clichés les uns que les autres autres se retrouvent pour une virée entre amis dans un chalet perdu au sommet de la montagne. La petite sauterie tournera rapidement à l’angoisse puis au cauchemar lorsqu’un tueur psychopathe s’invitera à la fête bien malgré eux. Le scénario d’Until Dawn est un exemple parfait de « Slasher ». Pour les néophytes du cinéma d’horreur, pensez à « Scream », « Freddy » ou encore « Saw ». Le scénario a beau être cliché, il n’en est pas moins bon. Il a d’ailleurs été écrit par des scénaristes américains habitués du genre. Je resterai volontairement évasif sur le contenu pour ne pas vous spoiler, mais sachez que vous verrez des demoiselles en détresse, vous aurez droit à un ou deux rebondissements scénaristiques, vous aurez peur et vous sursauterez plus d’une fois. Vous aurez d’ailleurs le loisir de partager vos plus belles têtes d’effroi avec vos amis si vous possédez une Playstation Camera. Hayden Penettierre (Sam) et Peter Stormare (Dr Hill) seront de la partie et camperont leur rôle de manière convaincante. Le reste des 8 personnages est joué par de jeunes acteurs américains plus ou moins connus dont je vous laisse découvrir les détails ici.

Le but avoué des développeurs est de nous servir un film d’horreur où le joueur peut choisir ce que font les protagonistes. Si vous voulez que le héros n’aille pas voir seul dans la foret d’où vient ce bruits suspect, ou si vous voulez que la jeune fille exaspérante descende seule au sous-sol… Vous pourrez choisir ce qu’ils font ou ne font pas et pourrez assister à la survie miraculeuse d’un protagoniste ou à sa mort la plus stupide/spectaculaire. Les huit protagonistes peuvent tous vivre ou tous mourir, que ça soit de votre volonté ou par accident. Vous ne pourrez pas faire marche arrière, et il n’y a pas de système de sauvegarde ou de chargement. Ce côté ajoute un peu de piment à la dernière QTE de votre personnage préféré en fin d’aventure… Quand on vous demande de ne plus bouger pendant plus de 10 secondes… Bref, ce système sied parfaitement au genre et vous forcera à parcourir le titre à maintes reprises si vous voulez agir différemment.

L’effet pape, ils l’ont

Mis grandement en avant, l’effet papillon est présent tout au long de l’aventure. Nombre de choix auront une influence sur les relations entre les protagonistes et sur leur personnalité, qui auront à leur tour certaines conséquences bien plus tard dans l’aventure. Néanmoins, pas besoin de se retourner le cerveau, vous serez averti dès que vous aurez pris une décision qui influencera la suite de l’aventure. D’ailleurs, les conséquences de vos choix s’afficheront dans une section prévue à cet effet. Vous pourrez ainsi facilement comprendre les implications de certains choix pour plus facilement explorer d’autres possibilités lors de votre partie suivante. Ces choix sont très nombreux et l’idée de les inventorier dans le menu est bienvenue. Pour une cervelle de poisson rouge comme la mienne, c’est du pain béni. Pour vous aider dans vos dilemmes de choix papillonesques, vous trouverez des totems disséminés aux quatre coins du jeu. En les ramassant, vous pourrez avoir un bref aperçu de ce que l’avenir vous réserve. Certains concernent la mort, d’autres donnent des conseils, certains sont clairs, certains le sont nettement moins… Ils sont toujours bienvenus même si certains sont vraiment bien cachés. Ils renforcent les phases de recherche d’indices et vous permettront de comprendre toutes les subtilités du scénario.

Avoir une belle mort

D’un point de vue graphique, Until Dawn est convainquant. Les graphismes de la nouvelle génération lui sont très profitables vu son statut de film interactif, même si l’œil avisé repérera quelques textures ou modèles 3D un peu en-dessous du lot. L’immersion fonctionne et la qualité graphique globale du titre a vite fait de gommer ses petites erreurs. La modélisation des personnages est elle aussi réussie. Au même titre qu’un film, il est préférable de jouer avec les voix originales plutôt qu’en version française pour apprécier pleinement le jeu des acteurs. Néanmoins, si vous êtes allergique à la langue de Shakespeare, vous trouverez la VF convaincante mais sans plus. Les doublages sont mal synchronisés aux visages des acteurs, ce qui m’a pour ma part vite exaspéré. Cependant, vous pourrez alterner VO et FR très facilement depuis le menu en pleine partie pour vous faire votre propre idée.

Pas de gameplay, pas de chocolat !

Until Dawn est clairement plus proche du film interactif que du jeu vidéo proprement dit. Le jeu alterne successivement deux phases : les phases d’exploration et les phases d’action. Dans les premières, vous contrôlez les déplacements des personnages et cherchez des indices, le plus souvent à l’aide d’une lampe torche. Dans les phases d’action en revanche, vous devrez réaliser avec succès des QTE pour éviter un sort funeste. Vous alternez ainsi stress et repos pour éviter une recrudescence d’infarctus dans la population des gamers. Je ne suis pas un grand fan des QTE (on peut même dire que je déteste ça) mais je dois avouer qu’elles sont plutôt bien pensées. Particulièrement lorsqu’on demande au joueur de rester immobile en se servant du gyroscope de la manette pour témoin. Vous maudirez votre chat en manque de câlins lorsque vous perdrez un protagoniste par accident. A ce sujet, pas de sauvegarde, pas de marche arrière. Vous devrez poursuivre votre aventure en assumant vos erreurs passées. Néanmoins, il n’y a aucun gameplay à proprement parler, de ce point de vue strict, c’est QTE et recherche point barre. Si vous pensiez qu’Until Dawn est un Survival Horror, je vous arrête tout de suite.

La durée de votre survie, à quel prix?

Comptez 8 à 10 heures pour finir le jeu grand maximum. Pour un jeu de 60€, ça fait mal au postérieur.  Le titre mise beaucoup sur l’effet papillon et les diverses ramifications du scénario pour vous replonger dedans. Et même si c’est efficace, regarder un film d’horreur dont on connait la fin et les surprises est nettement moins passionnant. Si on compte malgré tout qu’un joueur moyen finira le jeu deux fois en moyenne, ça nous fait une durée de vie de 20 heures en étant très gentil. C’est honnête pour un film interactif mais peu pour un jeu vidéo. Le rapport qualité/prix n’est, pour moi, pas satisfaisant.