
Dream : un voyage dans le rêve
Dream est un jeu d’exploration narratif où l’on incarne Howard Phillips, un écrivain à la vie éveillée monotone, mais faisant des rêves lucides plutôt excitants.
Lorsque j’ai vu le trailer de Dream pour la première fois, j’ai été directement attiré par le concept. Je me suis dit : « Hey, voilà un de ces jeux au concept original, l’histoire a l’air bien et en plus il a l’air super beau ! ». Je l’ai donc obtenu très rapidement et me suis précipité pour l’installer sur Steam. Et je vais être honnête avec vous : lorsque je l’ai lancé après ces longues minutes d’installation, j’ai été extrêmement déçu. Pourquoi ? Laissez-moi vous expliquer…
Une première expérience ô combien frustrante
Je commence donc mon histoire dans la peau d’Howard Phillips qui se réveille d’une petite sieste devant la télé. Encore à moitié assoupi, je décide d’éteindre la télé et de monter me coucher. Au passage, je me familiarise avec la vie d’Howard : écrivain d’un best-seller, je me retrouve dans une maison laissée par un ami récemment décédé. La maison ressemble plus à une garçonnière qu’à une maison d’un adulte responsable : boîtes de pizzas et cornets de nouilles jonchent la cuisine et le salon, une télé et une console m’attendent au pied de mon lit, et cette grande maison semble décidément bien vide… Une fois dans ma chambre donc, je me couche avant d’arriver, impatient et joyeux, dans mon tout premier rêve…
Celui-ci a lieu dans un désert montagneux sans grand intérêt. Et c’est là, après plusieurs minutes d’errements sans but dans le désert, que je décèle ce qui me paraît être le grand point faible du jeu : on-s’em-merde ! Je me balade dans un paysage quelconque, sans objectif particulier, sans contexte scénaristique, et sans la moindre idée de ce que je peux ou ne peux pas faire dans cet environnement qui me paraît bien des choses, mais pas un environnement de rêve. Et ne me méprenez pas : j’aime les jeux d’exploration. J’aime les jeux basés sur l’histoire. Mais ici, maintenant, dans Dream, je comprends ce qui fait de The Vanishing of Ethan Carter ou Gone Home de bons jeux, et je ne retrouve pas cette sensation dans mon expérience Dreamesque.
Qu’à cela ne tienne : je décide de continuer mon exploration. Ce n’est que le début du jeu après tout, je dois lui donner sa chance. Je décide donc de suivre les panneaux directionnels et d’explorer systématiquement chaque zone du niveau. Sur mon chemin, je récolte une pièce de 2 cents et une lampe de poche, avant de tomber sur une porte mystérieuse… Je décide de la franchir, et je débarque dans un labyrinthe plutôt obscur. Après de longues (et inintéressantes) minutes de déambulation, je trouve enfin la sortie et j’entre dans une sorte d’arène circulaire menant vers 4 portes. Au centre, un amas d’ordinateurs et d’écrans. Je décide d’en apprendre plus sur l’ordinateur central, et je découvre qu’il faut que j’emprisonne des ombres se trouvant dans chacun des 4 labyrinthes. Pour ce faire, je dois simplement passer dans chaque intersection de chaque dédale. Le challenge : les ombres parcourent ces labyrinthes selon un pattern bien précis, et vous « tuent » (lisez : vous ramènent au centre de l’arène) quand elles vous percutent.
Je décide de me lancer dans ce défi, et… Après quinze longues minutes de souffrance, je quitte le jeu de rage et de frustration. Oui… Je suis parvenu à ragequit un jeu d’exploration ! Pourquoi ? Car le jeu m’a offert précisément le contraire de ce à quoi je m’attendais. Je m’attendais à une histoire complexe et intéressante, et j’incarne un homme à la vie ennuyeuse; je m’attendais à des énigmes intéressantes et stimulantes, j’ai droit à non pas un, ni deux ou trois, mais quatre labyrinthes épouvantables et horriblement lassants; je m’attendais à de la poésie et à de l’inspiration, j’ai eu droit à un désert morne et sans personnalité. Écœuré, déçu, frustré, je laisse Dream moisir dans ma bibliothèque pendant trois bonnes semaines…
Livin’ the dream, baby !
… Jusqu’à ce que je décide d’y rejouer, un morne jour de pluie. Et avec le recul, je me félicite d’avoir donné à Dream une seconde chance. Voulant repartir sur des bases saines, je décide de faire table rase du passé et je recommence une nouvelle partie. Arrivé à cette horrible partie des labyrinthes, je décide de prendre mon courage à deux mains et de rusher ces obstacles comme un fou. Et le résultat suivit : en dix petites minutes, les 4 dédales étaient bouclés. Et à partir de ce moment-là, une fois cet obstacle franchi, le jeu changea de visage. C’est après ce test initiatique que le jeu a enfin commencé à remplir toutes les promesses qu’il avait faites. Me voici finalement immergé dans une expérience tantôt enchanteresse, tantôt glauque, tantôt intriguante; enfin, le jeu me fait vivre une expérience. Ca y est, je me sens dans la peau d’Howard. Je reconnais les langages du rêve, et plusieurs scènes me rappellent enfin des songes que j’ai moi-même déjà vécu. Le jeu me propose enfin de la variété : je passe du rêve poétique au cauchemar glauque et assez malsain; je passe de phases d’exploration à des phases d’énigmes; je passe d’un paysage à l’autre sans lien logique (mais nous sommes dans un rêve, après tout). Me voilà rassuré. Dream parvient à me prouver qu’il a compris la recette d’un jeu d’exploration et d’énigmes. Et il faut bien admettre que le thème du rêve est un thème extrêmement puissant, d’autant plus qu’il permet d’apporter des atmosphères lourdes et poignantes, ou au contraire légères et envoûtantes…
- Un niveau rappelant furieusement « Montée et descente » de M.C. Escher
- Tubular puzzles
- Redrum ?
Pour ne pas gâcher le plaisir des lecteurs qui songent (jeu de mot jeu de mot) à l’acheter, je ne vous conterai pas ici le reste de l’aventure… Sachez tout de même que Dream vous fera passer quelques moments très appréciables, notamment dans un niveau rappelant furieusement « Montée et descente » de M.C. Escher et certains cauchemars qui valent vraiment la peine d’être vécus tant l’atmosphère est glauque et dérangeante. Notez également que Dream propose trois fins différentes, et que les choix que l’on fait ont un impact sur la façon dont l’histoire évolue. Le jeu n’est donc pas purement linéaire, bien que la diversité des choix possibles reste tout de même restreinte.
Niveau graphismes, ceux-ci s’avèrent selon moi insuffisants. Le jeu a été développé avec le moteur Unreal 3, ce qui n’empêche pas que les objets aient souvent été mal modélisés, la conception des hitbox de beaucoup d’objets est plus que grossière, et les jeux de lumières sont au mieux tout juste suffisants pour un jeu de cette génération. Le jeu comporte également énormément de glitches qui nuiront souvent à l’immersion dans l’univers. On ne peut pas dire que Dream soit moche, mais son esthétique ne parvient pas non plus à accomplir son objectif principal : véhiculer une sensation de rêve. Un point positif tout de même : la distance de vue du joueur est relativement courte, et l’utilisation d’un flou au-delà cette distance renforce la dimension « rêve » du jeu…
En ce qui concerne le son et la musique, en revanche, je me dois d’applaudir le travail accompli ! Dream dispose d’une OST époustouflante composée par Normal Legies. La musique est parfois aérienne, parfois oppressante, mais parvient toujours à s’adapter à l’ambiance du jeu. J’irais même plus loin : la musique est l’élément qui confère son ambiance au jeu. Car si les graphismes passent à côté de leur cible, la musique permet largement de compenser leurs lacunes. Comble du bonheur, l’OST peut être achetée avec le jeu. Vous aurez même droit à un CD bonus si vous l’achetez… C’est cadeau !
Note
10/20
On ne peut pas dire que Dream tienne entièrement ses promesses. Le début du jeu s'avère frustrant tant au niveau scénaristique qu'au niveau du level design, bien qu'il se rattrape par la suite. Les graphismes laissent à désirer, mais l'OST du jeu compense ces lacunes. L'ambiance et le thème du rêve passent par contre plutôt bien, mais les énigmes proposées dans le jeu sont plutôt classiques et peu intéressantes. Un jeu qui peine à justifier son prix de 15€ donc, surtout si l'on considère sa durée de vie relativement courte (entre 8h et 10h de jeu).
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