Huit ans après nous avoir offert le désormais culte Braid, Jonathan Blow revient en force en nous proposant un nouveau jeu de réflexion à la première personne dans un monde ouvert parsemé de puzzles en tous genres. Voyons ensemble si The Witness est à la hauteur de nos espérances.

Départ en « douceur »

Comme tout bon jeu qui se respecte, le début nous gratifie d’un tutorial relativement simple nous expliquant clairement l’objectif d’une grande majorité des puzzles du jeu, à savoir résoudre les énigmes présentées dans des cadrans disséminés un peu partout sur l’île où se déroulera l’intégralité du jeu.

Si le principe a l’air extrêmement simpliste aux premiers abords, sachez qu’il ne faudra pas longtemps avant de déchanter. En effet, plus on avance et plus les énigmes se diversifient et nous forcent à assimiler des mécaniques parfois aussi variées que nombreuses.

Que ceux qui craignent une redondance dans le principe de résolution des énigmes se rassurent : vous n’aurez pas que des puzzles à résoudre sur des tableaux. Certaines zones seront composées d’énigmes à solutionner via des interactions avec l’environnement. Là encore, Jonathan Blow a fait parler son génie et nous gratifie d’un véritable festival en matière de créativité et d’imagination.

On s’y perd…

Entrons sans attendre dans un sujet qui peut diviser beaucoup de monde, surtout pour un jeu de réflexion : la difficulté. Une chose sur laquelle, par contre, tout le monde sera d’accord : si vous êtes du genre à vous décourager ou aller voir une soluce dès que vous bloquez face à une difficulté quelconque, oubliez The Witness ! Ce jeu demande une patience et une persévérance à toute épreuve. Il est impératif de retenir minutieusement toutes les règles et principes des énigmes que vous résoudrez car il faut savoir que les différentes zones de l’île n’ont pas forcément leurs propres énigmes spécifiques.

Par conséquent, vous risquez de tomber sur une série d’énigmes dont les règles vous ont été expliquées quelques heures plus tôt mais dont vous avez oublié le principe car vous pensiez en être débarrassé. Ou, pire encore, comme moi, vous risquez d’arriver dans une zone et bloquer un temps infini sur une énigme dont vous n’avez aucune chance de comprendre les règles car elles sont, en fait, expliquées précisément à un endroit encore non visité. Le jeu vous laissant totalement livré à vous-même, il peut être frustrant de ne pas savoir si la règle est à deviner via l’environnement qui vous entoure ou si il faut tourner les talons et revenir après avoir bouclé une autre zone bien précise…

Plus d’une fois, je me suis dit que plusieurs environnements auraient dû nous être interdits tant que l’on n’a pas totalement terminé tel ou tel endroit avec succès mais Jonathan Blow a choisi de donner au joueur une liberté totale d’exploration.

On peut aussi parfois regretter, par moments, quelques règles farfelues ou dont la logique peu évidente échappera à certains joueurs ainsi que d’autres puzzles dont la résolution peut se révéler pour le moins hasardeuse (par exemple, les gens souffrant de surdité totale ou partielle auront du mal à résoudre certaines énigmes…). Prévoyez aussi un crayon et un bloc de feuilles à vos côtés car certains puzzles vous imposeront de reconstituer des schémas pratiquement impossibles à retenir pour n’importe quelle personne ne disposant que d’un cerveau normalement constitué…

Soyons clairs, le jeu n’est pas « trop difficile » mais disons plutôt que ce qui pourra en dérouter plus d’un est la manière dont a été calibrée cette difficulté. En effet, à titre personnel, la plus grande difficulté du jeu ne réside pas dans la résolution des énigmes mais dans la compréhension des règles. Certaines demandent de la réflexion, d’autres demandent juste de l’observation (se jouant parfois sur des détails on ne peut plus anodins). Si vous n’avez pas le bon coup d’oeil ou le petit « tiltage » au bon moment, vous pouvez rester bloqué indéfiniment sur des énigmes sans même avoir commencé à les résoudre… Peut-on imaginer plus frustrant ?

Cependant, il serait déplacé d’en faire une généralité car certains ayant l’esprit très vif comprendront plus facilement que d’autres quels sont les objectifs à atteindre. De plus, ces cas extrêmes sont relativement rares. En effet, la plupart des autres énigmes sont assez simples à comprendre pour tous tout en proposant un très gros challenge dans leurs résolutions.

Suivant votre vitesse de progression, terminer le jeu à 100% pourra vous prendre des dizaines d’heures… Dans tous les cas, apprêtez-vous à fumer des oreilles.

Ecoutez ce silence!

Il peut être étonnant de disposer d’un open world dans un jeu de réflexion mais soyez certains qu’il n’est pas là par hasard et, surtout, qu’il dispose d’un level design génialissime. Le seul et énorme point noir de ce vaste monde ouvert est le nombre hallucinant de murs invisibles, bien trop présents, parfois même jusqu’à l’écœurement.

Plusieurs critiques ont pointé du doigt l’absence totale de musiques ou thèmes musicaux. En effet, les seuls bruits qui viendront titiller vos tympans seront les bruits d’ambiance (vent, mer, …). N’espérez pas planer à l’écoute de thèmes magiques et envoûtants comme c’était le cas dans Braid. Mais doit-on considérer l’absence de musique comme un défaut ou même un point négatif ? Chacun est juge mais The Witness possède son cachet qui lui est propre et qui s’adapte parfaitement à ce silence… Silence parfois indispensable pour se concentrer sur des énigmes qui demandent une concentration absolue.

L’absence de réelle narration pourra en surprendre plus d’un mais n’est qu’un détail on ne peut plus insignifiant à côté de tout ce que The Witness a à nous proposer et ne nuit en rien à notre approche du monde dans lequel on évolue.