
Deliver Us The Moon
Et si, sans nous en rendre compte, on était déjà foutus ? Si tous les efforts fournis par certains pays pour l’écologie ne finissaient pas par porter leurs fruits ? C’est avec ces questions que j’ai éteint mon ordinateur après avoir fini Deliver Us The Moon. Avec un certain malaise, je dois l’avouer, et c’est rare quand cela m’arrive. Ce petit jeu d’une durée de vie de 5 à 7 heures propose de nous envoyer sur la lune pour nous compter son (ou notre ?) histoire. Se passant dans les années 2050, il peut être qualifié de thriller de science-fiction d’anticipation tellement les sujets qu’il aborde sont d’actualité et nous replace, être humain, dans notre position de « gâcheur de situation ».
Après une campagne Kickstarter réussie à hauteur de 103.770 euros, le studio KeokeN interactive propose une aventure spatiale à base d’énigmes et de story-telling pour découvrir les raisons qui font que la station lunaire a coupé tout contact depuis plus de 5 ans. Dans son histoire, la terre est désormais totalement dépendante de la lune dans sa production d’énergie. Toutes les ressources terrestres ayant été épuisées, la lune produit en masse de l’hélium-3 qui permet de générer de l’énergie qu’elle transmet ensuite à la terre via un grand flux lumineux. Cependant, un événement provoque l’arrêt de la transmission d’énergie et les conditions atmosphériques liées au réchauffement ne se sont pas calmées, que du contraire. La vie est en péril et une ultime mission est envoyée depuis la terre pour remettre le système en marche, si tant est que cela soit possible.
- En voiture Simone
On grimpe dans la fusée de la mission Fortuna One. Direction ? La lune.
Fly me to the moon
Propulsé par l’Unreal Engine et plusieurs moteurs assez puissants pour nous envoyer sur notre satellite naturel, Deliver Us The Moon est, comme je le précisais, un thriller de science-fiction et d’anticipation, même si cette dernière catégorie ne dit pas clairement son nom en l’état. Le studio va lui préférer le statut de thriller apocalyptique, mais le message écologique est bien présent tout au long du titre. L’ultime recours de la WSA (pour World Space Agency, référence à l’ESA) est d’envoyer une dernière mission, ses quelques billes du fond du tiroir dans un baroud d’honneur pour arriver à découvrir ce qui s’est passé sur la colonie lunaire et relancer le système d’énergie.
Dans cette course contre la montre (qui n’est « timé » qu’à certains moments, mais dont vous ressentirez l’urgence en tout temps), vous prendrez donc les commandes d’une fusée pour arriver à la station Pearson, sorte de « canon » qui envoie l’énergie de la lune vers la terre, et ensuite descendre sur le sol lunaire. Votre progression se fera via l’exploration et la résolution d’énigmes. Pour ce faire, vous aurez besoin de toute l’attention que vous pourrez avoir en arpentant les coursives et autres couloirs abandonnés. Un autre élément vous aidera à poursuivre : l’ASE, une sorte de petite boule métallique – ayant des allures presque forcées de Wheatley de Portal 2 ou encore de Higgs de Robinson: The Journey (un jeu VR) – qui pourra être télécommandée pour résoudre certaines énigmes.
- La référence à Sputnik
- How to: démarrer une fusée
- Vous aurez à manipuler les boutons
- Vue du balcon
Au fur et a mesure de votre avancée, vous pourrez en découvrir plus sur l’histoire de la colonie et de ses habitants. Essayer de ne pas spoiler ici sera un défi, mais pour vous expliquer un minimum sans trop vous en dire, je dirais simplement que nous allons aussi explorer la psyché humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus sombre, en passant par du mensonge, de la manipulation, du dictat et un poil de mise en abîme. Les colons de la lune, estimant qu’il ne sert peut être à rien de sauver ce qu’il reste de la terre, prendront une décision radicale qui pourra vous faire dresser les poils sur les bras. À nouveau, comme dans beaucoup de jeux, il sera aussi question de l’ambivalence des personnages que nous allons découvrir au travers de « souvenirs » enregistrés par l’ASE au fur et à mesure des événements qui se sont produits il y a bien des années et qui ont conduit notre personnage à se retrouver au milieu de ce guêpier spatial. Les éléments de l’histoire vous seront aussi livrés à certains points clés de votre avancée par le biais d’enregistrements laissés par Sarah, une rescapée de la station Pearson laissée en plan lors de l’évacuation de ladite station. Celle-ci s’est elle-même lancée dans la remise en route du générateur.
Le point fort de ce petit jeu sera vraiment d’arriver à vous prendre parfois aux tripes grâce à des rebondissements bien sentis. Ceci est vraiment une bonne surprise étant donné que le jeu est principalement un jeu d’exploration/énigmes. Il arrive à vous prendre dans son histoire, à vous donner envie avec une force parfois irrépressible d’en découvrir plus, de plonger davantage dans le drame de cette station. Les énigmes seront en quelque sorte ici les adversaires du jeu. Si parfois trouver le code d’accès d’une porte s’effectue de manière assez simple, d’autres énigmes arriveront à vous tordre les méninges. La seule chose qui pourra vous tuer sera votre maladresse lors de phases de plateformes ou à cause d’un élément du décor, sciemment conçu pour vous faire bobo si vous n’y prenez pas garde.
- Wheatley, euh non, Higgs, euh non, ASE
- L’amarrage est à faire vous-même
- Balade en Rover
- Non, ce ne sont pas des fantômes
Un autre élément pourra vous faire passer de vie à trépas, compte tenu du fait inhérent à l’aventure que vous êtes finalement hors de l’atmosphère : le manque d’oxygène. Durant certaines phases de jeu vous serez exposé au vide spatial et il vous sera nécessaire de trouver de l’oxygène en vitesse si vous ne voulez pas mettre fin à votre partie. Bref, ces petits éléments de gameplay sont les bienvenus lors de notre exploration tellement cette dernière peu sembler bien (trop) simple.
De deux choses lune…
Deliver Us The Moon a tout d’abord été lancé sur Kickstarter et nous promettait une vraie immersion, une profondeur sans commune mesure avec une possibilité de balade libre sur la lune. Hélas ce n’est pas le cas. Même si des phases de gameplay nous proposent de nous balader avec un rover d’une station mineure à une autre, le jeu reste fortement cloisonné à ses couloirs et salles à explorer. D’autres éléments viennent gâcher un peu notre plaisir comme par exemple une alternance un peu perturbante entre une vue première et troisième personne. À quelques moments vous vous retrouverez en apesanteur et vous devrez gérer votre position dans l’espace pour vous déplacer au mieux. C’est à ce moment que le jeu décide de vous faire passer en mode « FPS ». Si cela aide en effet à mieux gérer les déplacements, laisser le choix au joueur aurait été préférable plutôt que de le forcer. En bref, il est triste de remarquer que malgré une campagne de financement participative, le jeu semble avoir été raboté pour pouvoir sortir quelque chose, même si le résultat ne doit ressembler qu’à une fraction de l’idée originale.
- GLAUQUE !
Cependant, l’histoire est prenante. Tellement prenante pour qui sait l’écouter qu’il sera facile d’oublier certains défauts (attention, pas tous). Deliver Us The Moon est avant tout du story-telling saupoudré d’énigmes, de tentative de conscientisation et d’exploration du genre humain.
Note
12/20
Deliver Us The Moon propose un jeu d'exploration/thriller/énigmes qui nous plonge dans une histoire qui pourrait se passer dans les décennies à venir. Cependant, si le message est prenant et alléchant, il manque malgré tout un peu de gameplay pour l'enrober. Ce n'est pas la pleine lune, mais un croissant que nous avons entre les mains.
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