
Remothered Broken Porcelain – Une suite fracassante ?
Trois ans ont passé depuis la sortie de « Remothered Tormented Fathers » du studio italien Darril Arts. Le titre à l’esthétisme certain avait, de par son scénario intriguant et recherché, convaincu les joueurs férus d’horreur. Sorti pour Halloween, la période idéale, « Broken Porcelain » espère bien surfer sur le succès de son prédécesseur.
Quand on parle de suite, on se dit tout naturellement qu’il est important voire essentiel d’avoir testé manette en mains l’opus original. Il n’en est rien, les développeurs ont pensé à tout en proposant d’entrée de jeu un récapitulatif des événements de Tormented Fathers. Il est donc tout à fait possible de profiter de l’aventure de Broken Porcelain sans se sentir à la ramasse. Malgré tout, on ne vous mentira pas, il est préférable de jouer à TF pour enrichir votre expérience tout au long du jeu.
Un scénario de porcelaine
L’aventure fait bien suite au premier titre en dévoilant les zones d’ombre entourant la fugue de Jennifer/Céleste et son retour chez elle au manoir Felton. Mais notre « Clarisse Starling » de Tormented Fathers, à savoir Rosemary Reed, ne sera pas en reste et nous pourrons suivre la suite de ses recherches.
Le jeu se concentre essentiellement sur l’aventure de Jennifer et sa nouvelle vie au sein d’un hôtel en devenir, forcée à travailler au sein d’une communauté pas très engageante. D’un coup, Jennifer se retrouve aux prises avec les mêmes membres de l’hôtel mais affublés d’un mal obsessionnel. On l’aura compris, la même maladie hypnotique provoquée par le Phenoxyl. L’amorce du titre est vraiment discutable, précipitée même, il n’y a pas le temps de prendre connaissance des lieux, de la situation, avant que tout démarre.

Les événements s’enchaînent en reprenant la même mécanique que dans Tormented Fathers. Il faudra privilégier la diversion, l’infiltration pour évoluer dans l’hôtel et remplir ses objectifs de fuite. Les énigmes ne sont clairement pas compliquées : faire sonner un téléphone, remettre l’électricité, débloquer un coffre, chercher une clé, … Ce que l’on attend d’un jeu d’horreur mais sans grand souffle de fraîcheur.
L’aventure sera jonchée de cinématiques faisant le lien entre le passé et le présent tout en explicitant le mystère entourant Jennifer et son arrivée à l’hôtel. Et là, grosse déception. La force de Tormented Fathers avait été de distiller ses indices et ses révélations de sorte à provoquer un suspense nourri sur toute la longueur de la survie de Rosemary.
Ici, fini les mystères, tout est rapidement dévoilé dans les grandes lignes : la présence de Jennifer, la temporalité, les liens unissant les Felton, Wyman et Ashmann. Même la révélation de l’identité de Reed tombe à plat dans l’indifférence générale tant elle pouvait être anticipée depuis le largage de la trame scénaristique. On soulignera le clin d’œil assumé ou tout simplement fortuit de Stefano Ashmann qui pourrait être le frère de Mason Verger, tout comme Rosemary Reed qui nous avait déjà fait l’effet d’une Clarisse Starling sous couverture.

L’esthétisme et l’horreur dans la lumière
En dépit d’un scénario hypnotique, Broken Porcelain peut s’enorgueillir de son esthétisme et de ses graphismes aboutis. Le chara-design est encore plus élégant, les visages délicats et réalistes. Impossible de se lasser de la moue espiègle de Jennifer à l’écran titre. Les environnements sont sophistiqués et léchés. Si le manoir des Felton impressionnait, l’hôtel d’Ashmann ne manque pas de superbe.

La même minutie a été apportée aux éléments horrifiques du jeu. Les antagonistes sont flippants, vifs et aiment faire des entrées remarquées ! La musique tantôt fragile tantôt inquiétante termine d’instrumentaliser l’ambiance oppressante de Broken Porcelain.
Le jeu n’est cependant pas exempt de bugs à plusieurs niveaux : souci de collision, problèmes de caméra, blocage des personnages, … Le pire étant sans doute celui où votre personnage se maintient en position accroupie alors que vous ne désirez qu’une seule chose : fuir ! Des petites imperfections qui peuvent affecter le plaisir de jeu voire le rendre injouable à certains moments.
Un gameplay brisé
Si les développeurs ont bien compris l’importance de pousser plus loin l’horreur en passant par un esthétisme poussé, le gameplay est le grand oublié des améliorations apportées à Broken Porcelain. Tout ou presque sera pénible à réaliser.
Échapper aux ennemis ne sera pas une sinécure. Une fois touchée par un ennemi, Jennifer réagira de manières diverses. Entre le blocage en mode accroupi, le refus de courir ou de sortir une arme, l’appui contre un mur, la patience ne sera plus vite une vertu.

L’interface peu claire avec les objets de diversion et armes n’aide en rien. Il est facile de se séparer par distraction d’une arme utile en prenant un autre objet au sol. Il faudra donc rester vigilant et veiller à ce que vous souhaitez garder dans votre inventaire de survie.
L’IA est risible au possible. Vos ennemis reproduiront à coup sûr les mêmes schémas dans leurs déplacements et leurs comportements pour vous trouver. Il suffira d’utiliser les mêmes stratagèmes pour leur échapper.
On appréciera la petite nouveauté du titre qui réside dans le pouvoir de Jennifer qui a la capacité de contrôler des papillons de nuit l’aidant dans sa progression lorsqu’elle est bloquée. Une bonne idée finalement peu exploitée et qui n’échappe pas à la perfectibilité des commandes indigestes.
Note
12/20
Remothered Broken Porcelain échoue, malgré son ambiance de qualité et ses moments de pur effroi, à proposer une expérience de jeu mémorable. Le scénario plus faible et ne bénéficiant pas d’un effet de surprise médité déçoit et ne peut supporter la comparaison avec son prédécesseur. Le gameplay catastrophique termine de briser le rêve d’une suite fracassante.
Laisse un commentaire