Ratchet & Clank: Rift Apart

Ratchet & Clank: Rift Apart

Il y a toujours eu des licences dans l’histoire des consoles – et d’aussi loin qu’on puisse se souvenir – qui ont marqué des générations. Passant de Sonic à Mario, d’Uncharted à Halo, ces licences se sont parfois définies comme des « system sellers », autrement dit des jeux qui font vendre à eux seuls des consoles.

Bon, vous l’aurez deviné (avec le titre), je vais aborder ce jour une des licences les plus connues des joueurs PlayStation, Ratchet & Clank, dans sa nouvelle mouture nommée « Rift Apart ». Issu du très prolifique Insomniac Games à qui l’on doit le très récent et réussi Spider-Man: Miles Morales, le jeu propose une nouvelle aventure du Lombax accompagné de son robot de guerre.

N’empêche, 19 ans nous séparent de notre première aventure avec ce duo iconique. Si ce petit coup de vieux ne vous a pas encore fait fermer la page de votre navigateur, gardez en mémoire tout de même qu’il y a eu 11 jeux dont un remake de la saga, de la PlayStation 2 en passant par la PSP et désormais la PlayStation 5.

Est-ce que la puissance de cette console dernier cri sera bénéfique à l’aventure haute en couleurs que nous promet ce nouvel opus ?

Dérive Dimensionnelle

Après un seul opus sur PS4 (alors que la PS3 avait accueilli pas moins de 6 jeux) – qui était en vérité un remake de l’aventure originale de 2002 et accompagné d’un film – Ratchet & Clank: Rift Apart reprend le fil de l’aventure commencée par Opération Destruction (2007) et laissée en suspens avec Nexus (2013). Cette aventure est relativement simple dans les faits : Ratchet a le désir de retrouver les autres Lombax, ces derniers s’étant répandus à travers le flux dimensionnel pour échapper à une tragédie.

Après un bon festoiement pour célébrer les hauts-faits de Ratchet, une péripétie met en péril le tissu même de la réalité. Ce bon vieux Dimensionnateur – qui permet d’atteindre d’autres dimensions (cqfd) – tombe entre les pattes de l’ennemi et nemesis de Ratchet : le Docteur Nefarius. Quelques coups de clés mal placés plus tard, l’engin se détraque et projette nos héros dans différentes dimensions où ils finissent séparés (mais dans la même dimension).

Cette dimension est un cauchemar littéral pour nos deux héros : un endroit où Nefarius n’est pas un branquignol fini et se trouve être l’Empereur Nefarius, dirigeant d’une main de fer impitoyable les planètes.

Désormais seul, Clank fait la rencontre d’un nouveau personnage, Rivet, Lombax et résistante de l’oppression Nefarienne de son état, et c’est ainsi que nous commençons vraiment l’aventure. Il s’agit de la première originalité de l’histoire : nous allons suivre et vivre les pérégrinations de deux groupes de personnages dont les destins vont se croiser et se mêler.

D’un côté, nous avons donc Clank accompagné de Rivet. Cette dernière est la grande réussite de ce nouvel opus. Elle se trouve être attachante avec son côté bon-enfant malgré les horreurs qu’elle a pu vivre sous la coupe de l’oppression de Nefarius. Ayant perdu son bras et étant équipée désormais d’une prothèse, elle émet une réserve instantanée envers Clank qu’elle soupçonne d’être un espion à la solde de l’Empereur. De l’autre côté, il y a Ratchet, qui part à la recherche de son BFF.

Bref, je ne vais pas en raconter davantage sur l’histoire mais essayer de vous dépeindre une vision d’ensemble de l’aventure : c’est fucking grandiose. Présence d’un Empereur et de l’oppression oblige, nous percevons un cran monter au niveau du coté « adulte » de l’histoire, nous sentons vraiment que l’aventure sera plus sombre et « serious business » que jadis. Avec une entrée en matière assez directe, la première ville que vous rencontrerez n’existera que pour chanter les louanges de cet Empereur. Les rues sont sales et jonchées de déchets, l’environnement se veut un peu oppressant et des robots SDF regardent hébétés les programmes de télévision de fortune.

Tout transpire le souci du détail : les bruits, les couleurs, la ville qui est chargée d’histoire mais aussi de peur, l’ambiance est juste dingue. Certains pourraient même lui reconnaître un petit coté Cyberpunk 2077 et ce ne serait pas totalement injustifié.

Qui plus est, grâce à la puissance de la PS5, les effets de lumières sont juste à tomber. On sent vraiment que le jeu a été taillé pour le raytracing. Pas juste les effets de lumières, tout est fait pour créer une immersion subtile et convaincante, allant, comme, dit des effets de lumière à la qualité sonore des environnements ou des musiques. C’est simple : on est dedans, on le sent, des bruits jusqu’à la vibration des manettes DualSense. Nous avons l’impression désormais de jouer à un film d’animation en tant que tel.

Ces fonctionnalités introduites par la PS5 se mettent d’ailleurs au service du gameplay pour le rendre tout aussi convaincant que les environnements. Prenez d’abord la présence de petites failles dimensionnelles qui vont soit vous permettre de vous déplacer plus rapidement pour contourner les ennemis ou parfois être des « poches dimensionnelles », sortes de niveaux bonus avec des cadeaux à la clé. L’accès à ces failles est direct, pas de temps de chargement, rien. Le SSD fait ses preuves à 100% ici, donnant en plus un chargement presque aussi instantané en reprenant votre partie après avoir fait une pause Netflix. C’est chill.

Outre les vibrations, la manette DualSense sera aussi mise à contribution pour ses « Adaptative triggers ». Pour faire simple : appuyer un peu sur R2 fera une action, appuyer à fond en fera une autre. Un exemple concret : un tir lent avec un appui faible, un tir rapide en cas d’appui fort sur le bouton. Le haut-parleur de la manette renforcera aussi l’immersion à sa manière en rajoutant quelques bruits excentrés par rapport à votre télévision.

Gameplay Poilu

Mes frères et sœurs du jeu vidéo, soyez rassurés, vous ne serez pas oubliés au profit d’un gameplay sacrifié. Le Ratchet & Clank que vous connaissez se bonifie pour notre plus grand plaisir. Et avec le temps qui passe, nous lui en savons gré.

Nous allons donc retrouver les leitmotivs de la série : armes charmantes d’originalité à améliorer, glisso-rails, boulons dorés à dégoter, mais aussi et surtout des centaines de caisses à fracasser.

Comme d’habitude, les caisses laisseront échapper des écrous que vous devrez amasser pour booster vos armes et les rendre ainsi encore plus dévastatrices qu’à l’origine. D’ailleurs, si nous pouvons retrouver des armes bien connues de la saga comme le Discozigzag ou encore le Va-t-en-guerre, de nouvelles pétoires font leur apparition pour notre plus grand plaisir. Au menu nous pourrons retrouver l’Eradicateur qui déchaîne sur les ennemis la puissance de plusieurs shotguns assemblés, ou encore l’Arroseur Topiaire qui va transformer les belligérants en plantes et les « geler » sur place pour vous permettre de contrôler un peu le terrain et éviter de vous retrouver débordé.

Hélas, même si les nouvelles armes sont assez plaisantes à jouer, nous aurons une impression de « trop peu » vis-à-vis de ces dernières. Ces armes sont nettement moins fun à manier que celles issues de précédents titres et se comporteront plus comme des armes traditionnelles à base d’AK-47. L’exemple type est le Fléau Cosmique qui se trouve être une simple Gatling. Wouhou. Où est donc passée la grenade disco qui faisait danser les ennemis ? Le pixelisateur, qui pixelise les ennemis, est réservé quant à lui à un mode « Défis » après avoir fini le jeu une première fois ou en tant que bonus de précommande. C’est un poil mesquin, Insomniac.

Au rang des portés disparus, nous pouvons hélas signaler les fameuses énigmes pour débloquer des portes ou autres accès. N’en reste plus qu’une série de boutons au sol qu’il faut survoler à toute vitesse avec vos over-bottes. Fort heureusement, nous pouvons compter sur le retour des énigmes dédiées à Clank, tout comme celles d’A Crack in Time (la suite d’Opération Destruction), où nous aurons à contrôler le petit robot pour résoudre une série d’énigmes afin de corriger des failles dimensionnelles malavisées.

Une autre nouveauté, c’est la présence de Glitch. Sorte de petite intelligence artificielle qui va prendre la forme d’une araignée mécanique, cette dernière joue le rôle d’antivirus pour débloquer des accès fermés. Mais nulle énigme ici, il faudra juste défoncer les souches virales à base de flingues. La subtilité sera que ces niveaux vous feront perdre un peu vos repères en jouant avec le haut et le bas.

En bref, malgré tout, l’ensemble complet est extrêmement plaisant à jouer. Le gain de mobilité de Ratchet (et dont hérite Rivet pour le coup) donne au gameplay un petit côté nerveux ; nous verrons débarquer de nombreux ennemis qu’il faudra occire à coups de grosses armes mais aussi et surtout auxquels nous devrons parfois échapper à l’aide de déplacements rapides, de dash et de sauts. La difficulté globale n’est pas écrasante et même si nous laisserons parfois échapper une petite goutte de sueur, en tout temps nous aurons l’impression d’être récompensé pour notre avancée dans l’histoire.

Rift (not) Apart

Bien que j’aie l’air dithyrambique sur ce nouveau volet, et à raison hein, il faut avouer que quelques éléments viennent un peu perturber notre suspension consentie d’incrédulité, comme mon grief principal : les dimensions. Ces dernières n’interviennent guère au sein du gameplay. Quelques planètes visitables seulement auront droit à la possibilité d’accéder à des versions « alternatives » d’elles-mêmes, mais seulement dans le but de faire avancer l’histoire et de débloquer notre progression dans le niveau. Ratchet & Clank sont séparés, oui, mais dans la même dimension.

Cette notion de dimension fracturée aurait pu avoir tellement plus d’impact si seulement nous avions eu la possibilité de naviguer plus ou moins librement dans les dimensions alternatives pour résoudre des énigmes ou encore dégoter des technologies disponibles seulement dans certaines dimensions. La notion de dimension n’a donc principalement qu’une valeur narrative et spectaculaire pour mettre en avant la puissance de la console en faisant passer d’une dimension à une autre instantanément.

Un autre point frustrant réside dans le manque flagrant de différence entre Ratchet et Rivet. C’est simple : si un Lombax débloque une capacité, l’autre l’aura aussi instantanément. Si vous débloquez une arme pour l’un, l’autre la recevra aussi. Autre situation qui casse l’immersion : quand vous effectuez une action sur un personnage et que le « comment faire cette action » est expliqué peu après en jouant l’autre personnage. Cela déclenche directement chez nous un « Mais, je le savais déjà, pourquoi tu me dis ca ? ». Vous pourriez me rétorquer qu’effectivement un personnage ne sait pas ce qu’a fait un autre. En soi, cela est valide, dans ce cas il faut créer une vraie différence tant matérielle que fonctionnelle des personnages, et pas une uniformisation inexpliquée. Et pourtant il y avait matière à faire ! Prenons Rivet par exemple, elle qui dispose d’un bras cybernétique pour la forme. En aucun cas ce bras n’aura une utilité autre que scénaristique, alors qu’elle aurait pu l’utiliser comme élément de gameplay ou comme arme.

Enfin, mon « cringe » absolu aura été l’utilisation abusive de ressorts narratifs éculés pour faire avancer l’histoire. À de trop nombreuses reprises, Rift Apart use de Fusils de Tchekhov au court de son récit, à tel point que le fil de l’histoire nous semble soudain cousu de fil blanc. On devine d’avance ce qui va se passer et quel personnage fera son entrée. Tout comme l’utilisation de Deus Ex Machina pour résoudre des situations pouvant sembler désespérées. Même si la présence de l’éclatement des dimensions semble absolument grandiose tant en termes de gameplay que d’histoire, nous pouvons presque ressentir une peur ou un frein à la prise de risque de la part d’Insomniac Games. Chose que j’avais déjà ressentie avec Spider-Man sur PS4 du même studio.

Cependant, sincèrement, R&C: Rift Apart est un bijou, et tout diamant a des imperfections. Dire que le jeu est mauvais juste à cause de défaillances scénaristes serait un manque de bonne foi de ma part, voire insultant pour Insomniac Games qui nous livre ici une pépite. Et cette pépite elle dépote dans tous les sens du terme, toutes les élucubrations d’un testeur de jeu vidéo ne pourront jamais altérer cela. R&C: Rift Apart ouvre la voie aux nouvelles productions à venir sur la PlayStation 5 et montre à quel point le jeu vidéo a évolué ces 19 dernières années. Tant en bien qu’en mal, R&C est fait de cela, avec ses points positifs et négatifs. Et cet opus-ci les gens, je vous le conseille pleinement.

Note

18/20

Ratchet & Clank : Rift Apart signe le grand retour du duo iconique sur une console PlayStation. Après un seul jeu sur PS4, ce nouvel opus annonce sa volonté de revenir en force. Malgré un scénario un poil prévisible et une sensation d'être parfois en face d'une vitrine technologique pour la PS5, ce Rift Apart nous en met quand même plein la vue avec son gameplay nerveux et ses décors à tomber. Et c'est quand même le principal avouons-le !

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