Valkyrie Elysium

Valkyrie Elysium

Sorti fin septembre, Valkyrie Elysium est le nouvel épisode inattendu de la série Valkyrie Profile, qui prend la forme d’un reboot annoncé il y a quelques mois lors d’un State of Play de Sony faisant la part belle aux productions Square Enix. En comptant bien entendu énormément sur le doux souvenir qu’ont les joueurs ayant pu jouer au RPG de Tri-Ace et Enix, la firme japonaise continue d’alterner entre nouvelles productions et utilisation de son catalogue emblématique rempli de titres des générations 16 et 32 bits faisant toujours vibrer le cœur des fans des dizaines d’années plus tard.

Malgré les fortes racines jeu de rôle sur lesquelles s’est faite la réputation de Valkyrie Profile, autant évacuer directement le point qui saute aux yeux quand on pose les mains sur le jeu : Elysium n’est pas un Action RPG mais lorgne allègrement du côté de Capcom et Platinum Games avec un gameplay que ne renieraient ni Dante, ni Bayonetta (d’ailleurs, conseil d’ami, jouez à Bayonetta 3 ! On en reparle très prochainement). Alors oui, la narration repose bien plus sur des ficelles assez similaires au remake de Seiken Densetsu 3, Trials of Mana, que sur des cinématiques grand-guignolesques dont seul Hideki Kamiya a le secret, mais la valkyrie qui nous sert d’avatar aurait parfaitement pu porter une redingote rouge pour partir au combat tant le rythme des affrontements puise son inspiration dans la formule consacrée par Devil May Cry, jusqu’à reprendre quasiment telle quelle sa mécanique des derniers épisodes, à savoir le grappin magique projetant notre personnage sur l’ennemi.

Comme le cœur même du jeu repose sur son gameplay et son système de combat, continuons de nous pencher sur ce dernier. Notre valkyrie peut porter constamment sur elle deux armes différentes entre lesquelles alterner sur le champ de bataille, dans un beau petit panel où se côtoient épées, rapières, lances et autres masses d’arme disposant chacune d’une prise en main propre mais également d’un élément associé. Car quitte à puiser dans un héritage RPG, les rixes n’hésitent pas à mettre à profit un système de faiblesses et de résistances élémentaires. Des sorts sont également présents, avec la possibilité d’en apprendre de nouveaux en trouvant des runes dédiées lors des phases d’exploration. Outre ses points de vie, notre personnage dispose aussi comme ressource d’un certain nombre de points de compétence, et l’utilisation d’un sort viendra automatiquement puiser dans cette réserve pour en réguler l’usage et éviter les abus. En effet, les sorts sont eux aussi assimilés à différents éléments, et parvenir à identifier et utiliser le bon élément contre un adversaire peut complètement renverser le combat au point de donner l’impression d’avoir cassé le jeu – durant une bonne partie de l’aventure cela dit.

Autre ressource à disposition, la jauge d’âme. Sous ce nom qui peut paraitre cruel se cache en fait l’autre grand axe sur lequel repose le système de combat de Valkyrie Elysium : les Einherjar. Comme son nom l’indique, le jeu baigne dans la mythologie nordique et notre valkyrie rencontrera, au fil de son périple, des âmes perdues incapables de rejoindre le Valhalla car leur tâche sur terre restait inachevée. Au nombre de quatre, ces personnages seront progressivement recrutés par notre avatar pour l’épauler dans sa quête. Liés eux aussi à un élément, chaque Einherjar peut être invoqué au combat en puisant dans la jauge d’âme, venant simuler les combats en équipe d’un RPG dans le gameplay typiquement action de Elysium. Pas de montée en niveau non plus, la progression de notre personnage se fera plutôt par l’obtention de différentes catégories d’orbes – acquises la plupart du temps en remportant les combats – qui pourront être dépensées soit dans le menu dédié aux compétences de la valkyrie, soit aux points de sauvegarde pour améliorer ses armes.

Le jeu bloque ainsi virtuellement la montée en puissance du joueur en limitant les catégories d’orbes obtenues dans les différents chapitres. Ainsi, s’il parait plutôt aisé et rapide, au premier abord, d’améliorer grandement son personnage, on se retrouvera plus d’une fois « coincé » dans notre entrainement jusqu’à atteindre un chapitre où nous pourrons enfin obtenir les gemmes nécessaires. Certaines compétences ne se débloqueront qu’à la condition d’avoir atteint un niveau de maitrise donné pour une arme bien précise, tant elles se révèlent efficaces en combat. Une fois le prérequis atteint, notre personnage pourra invoquer automatiquement un Einherjar pour porter une puissante attaque sous certaines conditions au combat. Avec un personnage « haut en niveau », les opportunités d’invocation automatique sont légion et les combats se transforment alors en véritable feux d’artifice certes jouissifs au début, mais au prix d’une lisibilité de l’action bien amoindrie dans les derniers chapitres face à la pléthore d’ennemis affrontés et compétences débloquées, venant faire grimper exponentiellement ces invocations en réaction.

Toutes ces mécaniques s’imbriquent progressivement dans un gameplay particulièrement grisant manette en main, il est juste dommage de devoir atteindre la moitié du jeu pour que ce gameplay révèle son plein potentiel une fois notre valkyrie « suffisamment compétente ». Le système de combat est mis à contribution pour nous conter ni plus ni moins que le Ragnarok, l’imminente fin du monde suite au combat entre Odin et Fenrir. Notre personnage est sommé par Odin en personne d’empêcher la fin du monde en descendant sur Midgard pour purifier le plus d’âmes possible, ce qui se fera au fil de chapitres nous faisant explorer diverses régions. L’exploration reste assez sommaire, le jeu étant plus un Devil May Cry nordique qu’un véritable RPG, mais reste récompensée par l’obtention de sorts, armes, runes et autres quêtes secondaires. Ces dernières seront un prétexte à revenir explorer certaines portions de niveau pour y affronter des ennemis particulièrement coriaces, mettant à l’épreuve notre compréhension du système de combat pour les achever rapidement et efficacement. Et autant dire que si vous ne cherchez pas l’efficacité à tout prix, le dernier tiers du jeu pourra se montrer pénible avec combats à rallonge sur combats à rallonge – le pire restant, à mon sens, le boss final que l’on affrontera à quatre reprises dans le dernier chapitre, rendant la cinématique de fin, très amère, un peu décevante.

Note

14/20

Valkyrie Elysium est clairement un jeu déroutant. Ne brillant pas particulièrement par ses graphismes au-delà de la pyrotechnie, il propose un système de combat prenant et efficace dont les possibilités sont malheureusement verrouillées pendant une bonne moitié du jeu, tandis que la seconde moitié peine à renouveler les situations pour le mettre à profit. Il s'en dégage pourtant un certain charme, et le jeu mérite que vous lui donniez sa chance tout en restant conscient qu'il n'a de Valkyrie que le nom.

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