Majora’s Mask : Pourquoi on en parle tant ?

Majora’s Mask : Pourquoi on en parle tant ?

Malgré les superstitions habituelles, on peut dire que ce vendredi 13 est synonyme de bonheur pour les fans de Zelda : c’est en effet aujourd’hui que sort le remake 3DS de Majora’s Mask, un projet réclamé à tort et à travers depuis la parution du remake de Ocarina of Time que Nintendo s’est bien gardé de révéler… Jusqu’en novembre dernier. Sitôt annoncé, sitôt commercialisé diront certains, mais pourquoi tant d’engouement pour cet épisode en particulier ? C’est ce que nous allons tenter de décrypter ensemble.

La naissance de Majora’s Mask s’est faite sur un défi lancé par Miyamoto à Eiji Aonuma. En effet, tandis que le père de Link avait chargé son équipe de développement de concevoir une extension pour Ocarina of Time en utilisant le 64DD (un lecteur de disquettes qui venait se greffer sous la Nintendo 64, le projet verra le jour au Japon avant d’être très rapidement abandonné et ne quittera jamais les frontières de son pays natal), Aonuma manifesta l’envie de créer un épisode à part entière. Compte tenu des délais assez courts en perspective, le Maître promit à son élève (qui est désormais à la tête de chaque nouveau Zelda) qu’il approuverait le projet si l’équipe de développement parvenait à pondre un Zelda inédit en un an. Un défi relevé de main de maître vu que Legend of Zelda : Majora’s Mask débarqua en rayon en avril 2000 au Japon, et quelques mois plus tard dans le reste du monde (Amérique : octobre 2000, Europe : novembre 2000). Pour l’anecdote, le projet d’extension 64DD, connu à l’époque en tant que Ura Zelda, donna naissance à Ocarina of Time : Master Quest, disponible sur le disque bonus de l’édition limitée de The Wind Waker (Gamecube).

Le fameux Skull Kid

Le fameux Skull Kid

Compte tenu du délai à première vue irréaliste imposé par Miyamoto, l’équipe d’Aonuma a du se résoudre à quelques choix de recyclage, ainsi le moteur 3D d’Ocarina of Time fut réutilisé, de même qu’une énorme palette de personnages, pour un résultat finalement très atypique. En effet, dès la première partie le joueur se retrouve paradoxalement et en terrain familier et face à l’inconnu; et bon nombre de PNJ rencontrés lors du sauvetage d’Hyrule dans Ocarina of Time deviennent de toutes nouvelles entités, avec une personnalité et un background tranchant souvent avec ce que le joueur pensait connaitre « d’eux ». Cette simple perversion complète des repères du joueur apporte une majeure partie du cachet de Termina, le monde dans lequel se déroule l’aventure. Car oui, aussi bizarre que cela puisse paraitre et à l’instar de Link’s Awakening (Gameboy), Majora’s Mask chamboule les acquis en plaçant son action dans un tout autre monde que celui d’Hyrule !

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Termina s’avère être un monde dérangeant et oppressant. Prenons quelques instants pour poser le pitch de base du jeu : Link est revenu du futur après avoir mis fin aux sombres dessins de Ganondorf. Après la victoire, Navi semble s’être volatilisée, et une fois revenu dans le présent Link part à sa recherche. Sa quête le fera se perdre dans un bois mystérieux où il fera la rencontre de Skull Kid, un enfant perdu. Doté d’étranges pouvoirs, ce dernier transforme Link en peste Mojo et l’abandonne à son sort dans la forêt. Heureusement, Link croise la route du vendeur de masques, celui là même qui tenait la Foire aux Masques sur la grand place de la ville d’Hyrule, qui l’avertit d’un grave danger : Skull Kid lui a dérobé le Masque de Majora, un masque doté de pouvoirs trop dangereux que pour être laissés entre les mains d’un enfant perdu; car dans son délire Skull Kid a déclenché la fin du monde : Link dispose de trois jours pour récupérer le masque, sinon la lune s’écrasera sur Termina… Une situation tout sauf gaie, merci d’en convenir ! Une fois la manette en main, on apprend que l’échéance des trois jours est « contournable », car il est possible à tout moment de revenir au début du compte à rebours en jouant le Chant du Temps sur son Ocarina, non sans perdre la majeure partie des objets emmagasinés par notre Hylien (heureusement, à l’exception des objets principaux liés à l’avancée de la quête principale), et tout l’intérêt de Majora’s Mask consiste en une éternelle lutte contre la montre, invitant le joueur à optimiser ses déplacements pour parvenir, au terme des 72 heures fatales, à faire avancer la trame de l’histoire. Autant dire que cette contrainte temporelle, constamment rappelée à l’écran, vient grandement augmenter la difficulté générale du titre !

Le fameux vendeur de masques, au coeur de l'intrigue

Le fameux vendeur de masques, au coeur de l’intrigue

Cette contrainte n’est pas la seule à renforcer l’aura atypique de Majora’s Mask, car une nouveauté bienvenue s’invite à la fête : les transformations ! Si Link débute l’aventure déguisé en peste Mojo, il lui sera possible en continuant l’aventure de se changer soit en Goron, soit en Zora. Ces transformations jouent un rôle sur la façon dont Link peut combattre mais, petit détail sympathique pour les plus mélomanes, transforment également l’ocarina en divers instruments plus exotiques : une cornemuse pour la transformation Mojo, un ensemble de percussions pour le Goron et une guitare électrique pour le Zora. Avouez que la perspective de descendre une montagne à toute berzingue changé en Goron a son charme !

J’ai évoqué, tout en laissant en suspens, quelques détails d’importance concernant Majora’s Mask. Peut être n’avez vous pas tilté directement, mais nous avons ici affaire à un épisode de Zelda faisant directement suite à une précédente aventure, et dont nous incarnons le même Link plutôt qu’une réincarnation du Héros du Temps. C’est arrivé suffisamment rarement dans la saga que pour être noté car si ma mémoire est bonne seuls Adventure of Link et Link’s Awakening s’avèrent être des suites directes, respectivement à Legend of Zelda et A Link to the Past. Deux épisodes avec lesquels Majora’s Mask partage d’autres points commun : de Adventure of Link, il garde un changement des fondamentaux du gameplay entrainant une atmosphère plus oppressante et une difficulté plus corsée; tandis qu’à l’instar de Link’s Awakening le jeu nous entraine dans un tout nouveau monde bien loin du Hyrule que nous connaissons. De nombreuses théories de fans lient également Majora’s Mask et Link’s Awakening sur leur intrigue principale, ou plutôt sur le fond réel de cette dernière : si dans l’opus Gameboy toute l’aventure s’avère n’être qu’un rêve de Link, nombreux sont ceux à penser que le monde de Termina et ses fantaisies diverses (transformations, lune, un monde anormalement dangereux, une relecture malsaine du Hyrule de Ocarina of Time) seraient en réalité un cauchemar !

Link transformé en Zora

Link transformé en Zora

Toujours est-il que ces trois jeux, réunis par quelques points communs, s’avèrent être des épisodes importants de la saga Zelda. Peut être pas toujours pour les meilleures raisons, Adventure of Link ayant surtout marqué les esprits pour sa trop grande différence avec les autres opus, mais et Majora’s Mask et Link’s Awakening sont souvent en tête de liste quand les fans doivent classer leurs épisodes favoris. Enfin, il est plus que probable que Majora’s Mask ait marqué les esprits et se soie construit sa légende tout simplement autour de ce qu’il est réellement : le premier Zelda à voir le jour après la claque Ocarina of Time. Si à ses débuts il est fortement resté dans l’ombre de son grand frère et a plus que probablement trop souffert de la comparaison, le Masque de Majora a pourtant pu cultiver sa différence pour marquer à jamais l’histoire du jeu vidéo. Et rien que pour ça, il mérite que vous lui consacriez, et pourquoi pas pour la première fois si vous n’en aviez jamais eu l’occasion, plusieurs heures de votre temps. Croyez moi, vous ne le regretterez pas !

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