
Un genre en voie de marginalisation
Dimanche dernier, l’association Retroludix présentait une exposition dédiée au shoot’em up, dans le cadre de Mons 2015. Une petite salle retraçait l’histoire du genre ou plutôt en proposait certains de ses représentants les plus illustres : le mythique R-Type sur une mini-borne d’émulation, le précurseur Viewpoint sur un système MVS consolisé (nice !), le contrasté Ikaruga sur Gamecube, l’impitoyable Dux sur Dreamcast, l’héritier 1944 sur système CPS2, l’hilarant Parodius sur SNES et l’ancestral Mine Storm sur Vectrex.
Enfin, un shoot’em up bien rythmé s’étale sur tout le mur du fond, où il remplit trois écrans de haut sur trois de large ! Le câble du stick joliment moddé trouve son embouchure sur une Xbox 360… Akai Katana, ça y est, le nom du jeu me revient ! Emballé par ma courte partie, je m’informe auprès d’un responsable de Retroludix et deux questions me viennent naturellement à la bouche : « Est-ce que le jeu est sorti en Europe ? Est-il disponible en boîte ? ». On me répond « oui » et encore « oui », « mais il faut se dépêcher à l’acheter, car il est en déstockage dans les magasins ».
Avant même de parler du fond et de la forme du jeu, ces deux malheureuses questions s’imposent à moi. Voilà qui est révélateur de la santé de ce genre fondateur qui se croyait indémodable. Aujourd’hui, le shoot’em up doit presque s’excuser pour exister et n’entre en Occident qu’en montrant sa carte d’immigration. Comme un symbole, on ne parle même plus de « shoot’em up », mais de « shmup ». À l’image de sa dénomination, c’est tout un genre qui se contracte.
Il faudrait quasiment remonter aux années ’90 pour retrouver des gros titres, universellement connus. À cette époque, les Thunder Force et Axelay faisaient la une de l’actualité et boxaient dans la même catégorie que les autres styles de jeu. C’est difficile à croire, mais les Uncharted et les Halo d’autrefois ne leur auraient pas forcément volé la vedette. Depuis les Sine Mora (à moitié réussi) et Resogun, plus aucune sortie excitante pour l’amateur de shmups « standard ». Si fier de ses « exclusive on Xbox One », Microsoft n’a même pas évoqué à l’E3 l’une de ses futures exclusivités : le 5ème épisode de la grande lignée des Raiden !
Qu’il doit être agréable d’appartenir à la niche de joueurs comblés par les « manic shooters » ou les « danmaku »… Ces passionnés de productions japonaises hyper techniques, dont la niche ne va certainement pas aller en s’agrandissant.
Gatchan77 le 22/06/2015
Akai Katana je l’avais mis un moment à la MIA en free to play. Le gameplay est vraiment différent suivant les modes du jeu. Perso j’avais acheté une Xbox 360 quasi rien que pour les shmup et j’ai du en commander une partie en import. Par contre l’avenir semble encore moins rose que maintenant (pas vu une annonce de Cave et vu les ventes de la One au japon, ça m’étonnerait que Microsoft nous refasse le coup de l’exclusivité).
Sinon c’est cool si un nouveau Raiden sort !
Nomax le 22/06/2015
C’est vrai que c’est un style boudé par les gros éditeurs mais il existe une scène indépendante assez active; même si Cave n’a plus rien sorti de nouveau depuis Akai Katana Shin (la version arcade d’Akai Katana se vend toujours plus de 700€ en occasion). NG:DEV.TEAM continue a sortir des shmups sur Neo-Geo et Hucast sur Dreamcast. Au Japon, on en voit de temps en temps un débarquer sur le NESiCAxLive. Mais c’est sur Steam qu’on en trouve le plus… Certains sont vraiment très sympas!
spacecowboy le 23/06/2015
Qu’on se comprenne bien, j’adore les jeux de la NG:Dev. Team, je n’en rate pas un sur Dreamcast. Le Sturmwind de Duranik était, lui aussi, exceptionnel ! Néanmoins, le marché reste très limité sur consoles rétro.
Sur Steam aussi, tu as raison, le genre reste bien vivant. Cependant, le prix de vente des shmups sur Steam est révélateur : on les considère tous comme des « petits » jeux. Je regrette le temps où le shoot’em up n’était pas snobé…
gazza8 le 03/07/2015
J’aurais posé les 2 mêmes questions (version euro, boîte) ! Et je les pose peu importe le genre de jeux 😛 Ce qui est révélateur de la complète dématérialisation…
« Il faudrait quasiment remonter aux années ’90 pour retrouver des gros titres, universellement connus. »
Je suis d’accord. La cause probable est que le genre n’est pas devenu aussi « grand public » que d’autres à partir des années 2000…? A l’ombre des FPS, « action-aventure », beat’em all, il est passé en genre de niche. Puis l’avénement du casual gaming a renforcé la tendance.
Une suggestion : Sine Mora ou Resogun, tu as essayé ?