That Dragon, Cancer

That Dragon, Cancer

C’est un titre un peu particulier que nous allons aborder aujourd’hui puisqu’il s’agit de That Dragon, Cancer. Ce jeu interactif est le projet de Ryan Green et l’équipe de Numinous Games, et est centré sur Joel, le fils de Ryan, atteint d’un cancer au cerveau assez agressif (ATRT) depuis l’âge de 1 an. Étant lui-même un développeur de jeu vidéo, il a eu l’idée de raconter l’histoire de Joel quand celui-ci était âgé de 4 ans. Le but étant de montrer et partager aux gens les moments vécus pendant ces années difficiles, mais aussi de démontrer qu’il ne faut pas baisser les bras même si on sait que l’issue sera fatale. Le projet a été soumis sur Kickstarter et a très vite atteint les 100.000$ grâce à plus de 3600 donateurs, et le titre a pu être réalisé. That Dragon, Cancer est sorti le 12 janvier 2016 pour commémorer le 7ème anniversaire qu’aurait eu Joel cette année, et Ryan Green a posté un message sur son blog disant aux gens de manger des pancakes et de prendre des photos pour rendre hommage à Joel.

Mangeons des pancakes !

Mangeons des pancakes !

Joel, le chevalier mangeur de pancakes

Comme dit plus haut, l’histoire se concentre sur Joel et sa famille pendant certains moments clés du combat contre la maladie du garçon. Ce n’est pas une aventure linéaire mais plutôt une succession de scènes, dont chacune d’entre elles possède son lot d’émotions. La première qui se présente à nous montre Joel sur le bord d’un étang en train de nourrir les canards. Les seuls sons qui sortent de sa bouche sont quand il rigole, une discussion de fond entre le père et les frères de Joel explique que la tumeur a fait qu’il a du retard sur certaines choses, comme la parole et son audition peu développées alors qu’il est âgé de 4 ans.

Une autre nous emmène dans le bureau du docteur avec les parents et Joel, où l’on apprend que d’autres tumeurs sont apparues et qu’une en particulier est en train de grossir très rapidement. Il faut savoir que depuis l’âge de 1 an, moment où l’on a détecté le cancer, les docteurs ne donnaient qu’entre 2 semaines et 3-4 mois à vivre à l’enfant mais celui-ci tenait bon. Hélas, cette réunion anéantit les parents sachant qu’il n’y a plus rien à faire à part calmer la douleur le plus possible.

Celle qui m’a le plus marqué est sans doute la scène où Joel se trouve dans sa chambre aux soins intensifs. Incarnant le père, vous entendez l’enfant qui n’arrête pas de pleurer à cause de la douleur et vous essayez tant bien que mal de le calmer. Lui donner un jus de fruit, lui lire un poème, lui faire des grimaces, mais rien de tout ça ne marche et la seule chose à faire est de le remettre dans son lit et de prier pour que ça s’arrête. Il finit par s’endormir. Ryan a d’ailleurs expliqué que cette nuit était l’une des pires qu’il a passée sur le plan émotionnel et il a déclaré : « Dans les jeux, nous sommes habitués à penser que, si l’on est un peu doué, on peut relever n’importe quel défi. Mais la première chose que l’on apprend avec le cancer, c’est qu’on ne contrôle rien ».

Des messages forts

Le jeu ne prend que deux heures pour être parcouru, mais comporte une multitude de messages plus forts les uns que les autres. Les membres de la famille ont enregistré beaucoup de dialogues qui seront entendus pendant le jeu. Il y a : les appels téléphoniques, les disputes, leurs moments de joie, mais aussi ceux de tristesse, des lettres écrites qui expriment le ressenti de la mère, les pensées du père, etc. En écoutant tout ça, c’est comme si nous faisions nous-mêmes partie de la famille. L’empathie du joueur sera suscitée du fait que la famille nous partage leurs moments intimes avec le sentiment d’impuissance face à tout cela.

On parcourt des niveaux aux coloris divers et plutôt bien travaillés, les personnages présentent des textures polygonées et sans beaucoup de détails, voire un visage vide pour Joel. Mais l’ambiance dégagée par les scènes n’est pas que visuelle, elle est encore plus accentuée par la musique, souvent du piano, allant du joyeux au mélancolique selon la situation. Ce cocktail réussit à nous faire ressentir le maximum d’émotions durant tout le jeu.

Ryan Green s’était dit que cette expérience pouvait aider les familles à mieux appréhender le combat de leur proche contre le cancer, et aussi de sensibiliser les autres personnes à ce fléau ravageur. Il voulait aussi que les personnes qui jouaient au jeu apprennent à connaître son fils et de le voir de la même façon que sa famille le voyait, c’est-à-dire un enfant joyeux qui adorait les pancakes et les bulles de savon, qui voulait un chien, et qui a combattu de toutes ses forces comme un preux chevalier un terrible dragon nommé Cancer.

La famille Green au complet avec les parents Ryan et Amy, et leurs enfants (de gauche à droite) Isaac, Elijah, Joel et Caleb.

La famille Green au complet avec les parents Ryan et Amy, et leurs enfants (de gauche à droite) Isaac, Elijah, Joel et Calleb.

Note

18/20

Il est difficile d'aborder un tel sujet dans le monde du jeu vidéo, cela est plus réservé à la littérature ou au cinéma, mais Ryan Green et son équipe ont vraiment réussi leur boulot. Vous allez vivre une histoire émotionnelle durant deux heures à travers plusieurs scènes durant lesquelles vous aurez plusieurs interactions à faire, et aussi écouter cette famille s'ouvrir pleinement à vous. C'est une expérience que je ne regrette pas d'avoir fait et qui m'a appris à connaître Joel malgré qu'il ne soit plus là. Si vous êtes tentés de tester ce jeu, je vous le recommande sans hésitation !

Réactions

  • spacecowboy le 28/02/2016

    C’est assez difficile de se dire « j’ai envie de jouer à ce jeu ». Néanmoins, tu me donnes « envie » de découvrir cette histoire, même si je crains d’être trop touché par elle et de la projeter sur ma propre famille. Néanmoins, ça ne fait pas de mal de se rappeler à quel point on tient à nos proches.

    Merci pour ce petit article poignant.

    Répondre

Laisse un commentaire

* champs obligatoires