Judgment

Judgment

Fort du succès grandissant de la série Yakuza, le Ryû ga Gotoku Studio délaisse cette fois la mafia japonaise et nous glisse dans la peau d’un détective privé. Cette sorte de spin-off, qui reprend une grosse partie des codes de leurs précédentes productions, est-il une bonne idée ou juste un recyclage facile ?

Le fan de la série Yakuza aura été gâté ces dernières années : Yakuza 0, Yakuza Kiwami 1 et 2 (qui sont des remakes des 2 premiers épisodes sortis sur PS2), et Yakuza 6. Jusqu’ici exclusivités Playstation, les trois premiers cités ont même eu droit récemment à une version PC disponible sur Steam. Ajoutez à cela que le remaster des épisodes 3, 4 et 5 vient d’être annoncé dans une collection sobrement intitulée  « The Yakuza Remastered Collection », et vous pourrez donc vous faire l’intégrale de la saga sur PS4. Elle n’est pas belle la vie ? Bon, évidemment, il vous faudra toujours avoir un bon niveau d’anglais, car la série n’a jamais été traduite en français (hormis le 1er épisode sur PS2), avec une interface en anglais et des dialogues japonais uniquement. Mais c’est là que Judgment pourrait peut-être vous intéresser, car c’est la première fois qu’un titre du studio dispose d’une interface et de sous-titres en français, avec même la possibilité de mettre cette fois les voix en anglais plutôt qu’en japonais.

Kamurocho mon amour

On met donc de côté Kazuma Kiryu et son célèbre clan Tojo, pour incarner Takayuki Yagami, un jeune avocat que tout le monde s’arrache, surtout depuis qu’il a réussi à faire acquitter un client quand toutes les preuves étaient réunies contre lui. Malheureusement, à peine libéré, ce dernier tua sa petite amie et mit le feu à son appartement. Ne voulant pas être connu comme l’avocat qui libère les meurtriers, Takayuki Yagami, pourtant promis à un brillant avenir, quitta le barreau pour devenir détective privé.

Yagami, aidé dans ses enquêtes par son ami et ancien yakuza Masaharu Kaito, survit de petit boulot en petit boulot et sera amené à enquêter, pour le compte du cabinet Genda, sur une sombre affaire de meurtres, après que trois yakuzas du clan Kyorei sont retrouvés assassinés, les yeux arrachés et laissés à l’abandon dans une ruelle de Kamurocho, le quartier chaud de Tokyo. On ne dévoilera pas plus de détails sur cette enquête, mais il est à parier qu’il y a une histoire de yakuza derrière tout ça (ou peut-être pas finalement…).

Comme un air de déjà vu, non ?

Et c’est un peu un reproche que je fais d’entrée à Judgment : on nous fait miroiter un jeu dont le producteur déclare partout que « non ce n’est pas une série dérivée de Yakuza » et, dés le début du premier chapitre, nous voilà déjà confronté au clan Kyorei, au clan Matsugane, dans les ruelles de Kamurocho qui est le lieu de prédilection de tous les Yakuza depuis le début et un copier/coller presque parfait entre chaque épisode. Et n’espérez pas découvrir d’autres endroits, car vous serez principalement cantonné à ce quartier. Si vous découvrez la série, cela ne vous posera pas de problèmes, mais si au contraire vous aviez déjà fait l’un ou l’autre épisode par le passé, cela risque de vous lasser.

Heureusement, encore une fois, le côté cinématographique très poussé, l’écriture du scénario, les personnages criants de vérité et toujours si bien modélisés nous font de nouveau prendre au jeu, et il devient difficile de lâcher la manette, tant l’on veut connaître la suite et les aboutissants de l’enquête principale. Et c’est tant mieux, parce que d’un côté, vous en avez facile pour 35-40h… Le double si vous comptez terminer le jeu à 100%.

Toujours ce petit brin de folie

Pour mener à bien ses différentes enquêtes, Yagami usera de nouvelles techniques : emploi de drones pour observer à distance, prise de photos avec son téléphone, utilisation d’un hacker qui se trouve dans un cyber-café pour géolocaliser un suspect, déguisement en tout genre pour passer inaperçu, …

À l’instar de la série Yakuza, entre deux enquêtes, notre héros pourra passer du bon temps dans un club Sega (Sega étant le propriétaire du studio Ryû ga Gotoku) pour jouer aux versions arcade et complètes de Virtua Fighter 5, de Puyo Puyo, de Space Harrier ou encore d’une version de House of the dead améliorée (il y a 7 jeux en tout). Toute une série d’activités est également proposée : baseball, mahjong, flèchette, poker, … On regrette l’absence du karaoké qui était souvent très drôle dans les autres productions, mais on retrouve cette fois une course de drones et un jeu de l’oie façon réalité virtuelle. Pour toucher peut-être un plus large public, l’aspect très érotique est également mis de côté (c’est un peu raté puisque le jeu est quand même toujours 18+). Fini donc de collectionner les photos d’actrices X, de visualiser de petites vidéos ou de draguer les hôtesses par téléphone ou via internet.

Je mets les pieds où je veux, et c’est souvent dans la gueule

Tout comme Kiryu, le héros de la saga Yakuza, Yagami n’est pas en reste quand il s’agit de distribuer des mandales à gauche et à droite, et il sera souvent confronté lors de ses enquêtes aux différents clans régnant sur Kamurocho, ainsi qu’aux nombreux loubards qu’il croisera au fil de ses pérégrinations dans le quartier chaud. Vous pourrez choisir à loisir entre deux styles de combat : le style de la Grue, plus rapide, sera plutôt utile contre un groupe d’ennemis, alors que celui du Tigre, un peu plus puissant, à réserver contre un seul combattant. Vous pourrez attraper les objets qui vous entourent (un vélo, un panneau publicitaire, un cône de chantier, …) pour exécuter un coup plus spectaculaire et faire beaucoup plus de dégâts. Yagami possède également une jauge secondaire que vous pourrez vider pour augmenter sa rapidité et la puissance de ses coups pendant quelques secondes.

Chaque activité dans Judgment (faire un score sur un jeu d’arcade, combattre 25 adversaires dans les rues, goûter les nombreux plats dans les restaurants de la ville, poser les bonnes questions lors de vos enquêtes, …) vous rapportera des points d’expérience et vous permettra de débloquer différentes aptitudes et compétences (augmentation de vos points de vie, amélioration de votre capacité à crocheter une serrure, achat de nouvelles techniques de combats, …). Comparé à Yakuza 6, ce système a été largement simplifié et ce n’est pas pour me déplaire.

Graphiquement, les visages des différents personnages principaux sont toujours aussi impressionnants et modélisés avec le plus grand soin. C’est cette fois Takuya Kimura, un chanteur et acteur très populaire au Japon, qui prête sa voix et son visage au héros principal. Alors que le jeu utilise le même moteur graphique que Yakuza 6 et Yakuza Kiwami 2, je suis un peu déçu par les décors du quartier de Kamurocho qui semblent un peu flous par moments, avec des couleurs moins chatoyantes. Attention, cela reste très beau, mais Judgment souffre un peu de la comparaison avec ses aînés.

Note

16/20

Même s'il ne surprendra pas totalement les fans de la première heure de la saga Yakuza qui se retrouveront peut-être trop vite en terrain connu, Judgment est une bonne surprise pour celui qui a attendu toutes ces années une traduction française, et qui, du coup, peut goûter à du Yakuza sans à avoir à connaître tout son background. Dans tous les cas, son scénario et sa grosse durée de vie devraient plaire à chacun.

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