
Arboria – le hasardeux mélange
S’il y a bien un genre qui s’est vu maintes fois copié mais jamais égalé durant cette décennie, c’est celui des souls-like. Ce style très particulier où le joueur est livré à lui-même dans un monde vide et mystique. La mécanique de ces jeux semble simple au premier abord mais au fur et à mesure de l’aventure, une sensation de profondeur vous atteint, démontrant qu’il y a toujours plus à découvrir. Attaque rapide, puissante et roulade sont les 3 caractéristiques principales de la sainte trinité qu’offrent les souls. Il n’en fallait pas plus pour créer une saga aujourd’hui légendaire aux yeux de nombreux joueurs.
Un autre genre, bien plus vieux, a vu le jour aux alentours de 1980 avec le jeu Rogue. Vous le devinez, n’est-ce pas ? Il s’agit du Roguelite. Une branche du jeu de rôle, dans laquelle vous devrez explorer des donjons et autres lieux procéduraux fermés afin d’y occire moult monstres et récupérer de l’expérience ainsi que de l’équipement. La caractéristique de ce genre de jeux est que la mort vous atteint très rapidement, mais elle est aussi rafraîchissante. Vous devrez recommencer depuis le début, mais avec une meilleure connaissance du terrain en plus d’avoir obtenu des compétences ou de l’équipement, afin d’aller le plus loin possible dans votre prochaine tentative.
Les deux genres dorénavant expliqués, il est désormais plus aisé de comprendre comment Arboria est né. Sorti le 7 mai 2020 en accès anticipé, il est actuellement disponible sur PC au prix de 20€.
Une mixture qui tache
Chimère aux multiples branches, Arboria tente de mixer deux styles assez proches. Vous débutez en incarnant un personnage choisi par vos soins parmi une sélection de trois trolls, lesquels ont des caractéristiques différentes qui ne se montrent au final pas si importantes. Il y a trois caractéristiques principales : la santé, la force et le focus (magie). L’aventure consiste à avancer dans les sous-sols de la tribu troll, afin de sauver les branches de l’arbre sacré, maudites par on ne sait quelle raison.

Vous êtes donc jeté dans les bas-fonds, avec de l’équipement basique. Une hache, un pouvoir de renversement, une armure et une fiole d’est… Ah non pardon un cube d’élixir. Ce dernier vous permet de boire trois fois dedans afin de vous soigner et se remplit aux différents checkpoints entre les niveaux. Le système de combat est similaire aux souls : une attaque simple, une attaque intermédiaire, vos pouvoirs et des roulades. Le problème est que pour imiter le système de combat des souls, il faut que celui-ci permette de varier dans son approche et d’opter pour un style que l’on apprécie. Le jeu ne le permet pas, car il y a trois armes différentes, une épée longue, une hache et une faux.

Le gameplay en lui-même n’est pas une grande réussite. Les coups n’ont presque aucun impact, le jeu manque de challenge et pour couronner le tout, vous ne pouvez tout simplement pas y jouer sur un clavier européen. J’ai eu le bonheur de ne pas pouvoir changer l’assignation des touches parce que le jeu ne reconnait pas le « 1 », le bouton qui sert pour se soigner. Ô joie. Bien sûr, le jeu est en accès anticipé et est indépendant, mais ce n’est pas une excuse valable.
Si par malheur votre personnage vient à mourir, pas de panique ! Vous réapparaîtrez à la base, avec un nouveau troll, à la tête différente et aux caractéristiques différentes. Système sympathique, en revenant à la vie, vous pouvez offrir les âmes, appelées « veri », aux dieux. En fonction de votre générosité, les trolls au choix seront améliorés et disposeront de caractéristiques spéciales. En revanche, si vous êtes radins comme j’ai pu l’être, ils peuvent être plus faibles, voire myopes.
Le baptême du feu Ceci est le protagoniste principal L’amélioration de personnage entre chaque niveau
Un accès anticipé trop anticipé ?
Le bestiaire est au nombre de quatre ennemis. Préparez-vous à écraser des guêpes parce qu’elles sont bien plus nombreuses que les autres types d’ennemis. Le jeu ne pose pas beaucoup de problèmes en termes de difficulté ; spammez la roulade et les attaques, étant donné que vous disposez d’une énergie illimitée, les ennemis ne vous toucheront pas et vous leur taperez dessus aisément. Ceux-ci lâchent une monnaie similaire à celle des âmes dans les souls, à dépenser dans la base, afin d’améliorer vos armes ou compétences.

Passé ces découvertes durant les 30 premières minutes de jeu, la surprise laisse déjà place à la lassitude. Vous êtes lâché dans le même niveau, à devoir refaire la même chose. Tuer des ennemis et soigner des branches. Si l’ajout de coffres à déverrouiller est une bonne chose, la manière de les débloquer l’est moins. En effet, pour réussir cette tâche, vous devrez faire face à trois vagues d’ennemis. Il en est de même pour soigner les branches. Les niveaux générés procéduralement sont tous les mêmes. Vous enchaînez les différentes pièces et chemins remplis de guêpes, coffres et branches, tandis que vous comprenez peu à peu la profondeur du jeu. Vous ne cessez de répéter « il doit bien y avoir plus » mais les minutes passent et les guêpes s’entassent sur le monceau de cadavres. Vous dépassez le premier niveau et envoyez vos âmes à la base pour les stocker afin de ne pas les perdre en mourant, puis vous prenez plus de force ou de vie et continuez au niveau 2. Ce deuxième niveau est en tous points similaires au premier, sauf qu’il n’y a pas que des guêpes mais trois types d’ennemis en plus. Ce nombre n’augmentera pas, vous en avez la bonne intuition.
Vous soignez les racines mais vous vous rendez compte qu’il ne s’agit là que de farm sans intérêt visant à gonfler la durée de vie, de sorte que celle-ci dépasse 1h30. Vous terminez le deuxième niveau après l’avoir rushé, puis vous entrez dans le troisième, toujours le même. Mêmes ennemis, mêmes coffres, même musique, même équipement (cette fois-ci il est bleu, attention). Vous rushez une fois de plus, lassé après 1h d’ouverture de coffres et de génocide de guêpes. Un ennemi vous touche et vous manquez de vie, le soin devient primordial mais vous vous rappelez que le mapping des touches n’incluait pas votre clavier. Vous devez continuer votre aventure sans soins. « Quand se finit mon calvaire ? » semble se demander votre personnage, vous êtes étonné qu’il ne se pose la question que maintenant. Enfin vous arrivez à ce qui semble être un boss. C’est un ennemi normal, sauf qu’il est trois fois plus gros. Vous en venez à bout sans beaucoup de peine lorsque vous ouvrez la porte derrière lui quand soudain, l’écran vous affiche ceci :

Note
13/20
Si Arboria n'est pas une réussite actuellement, il peut en devenir une. La durée de vie est terriblement courte, il a fallu 1h30 pour en voir le bout. Pour l'instant, le jeu ne vaut pas son prix exagéré de 20€, son contenu est beaucoup trop léger pour un montant pareil. Répétitif, rapidement lassant et plutôt mou. Les développeurs n'ont heureusement pas manqué d'inspiration pour autant. Le mélange souls/roguelite peut fonctionner à merveille. Les épices manquent encore à la recette, pour l'instant assez fade, mais un investissement passionné lui permettrait de se démarquer. Il y a encore un long chemin à parcourir mais si la formule est bien travaillée, elle peut formidablement bien fonctionner. Bon courage aux petits gars de Dreamplant, ils vont en avoir besoin.
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