
Maid of Sker
Disponible depuis le 28 juillet 2020 sur PS4, Xbox One et PC en version numérique, Maid of Sker de Perp Games et Whales Interactive est un survival-horror à la première personne s’inspirant du folklore gallois.
Le jeu se base sur le roman de R.D. Blackmore du même nom, sorti en 1872. La légende veut que Thomas Evans, musicien, rencontra Elizabeth Evans, l’amour de sa vie. La famille d’Elizabeth n’approuvant pas cet amour, son père la força à épouser un autre homme. Enfermée à Sker House et éloignée de Thomas, Elizabeth mourut quelques années plus tard. Son fantôme hanterait toujours le domaine.
Dans cette adaptation libre, vous incarnez Thomas Evans, musicien, qui se rend à Sker Hôtel pour porter secours à sa bien-aimée Elizabeth Williams. Cette dernière est prisonnière de son père et de son oncle et vous demande de l’aide dans une lettre assez énigmatique.
Une ambiance inspirée
Les premiers environnements parcourus par le joueur sont de toute beauté. Les jeux de lumière, les différents éléments de décors et l’ambiance singulière procurent un sentiment de calme et de sérénité même si l’on sent que cela ne va guère durer. Côté technique, on remarquera des ralentissements et un temps de chargement pour certaines textures lors d’arrivées dans de grands espaces.

Dès l’entrée dans l’enceinte du Sker Hôtel, tout change et l’atmosphère s’alourdit. En effet, les lieux sont très sombres et les traces de sang pas vraiment encourageantes. Les effets sonores font mouche et pourront même provoquer quelques jump scares selon votre sensibilité.
Vous communiquerez très rapidement avec Elizabeth par le biais de cabines téléphoniques. Les échanges seront intéressants et vous aideront à faire le point dans votre progression. L’objectif restera néanmoins très clair : retrouver les rouleaux et partitions qui permettront de contrecarrer les plans du père d’Elizabeth (que nous ne dévoilerons pas pour laisser le suspense total).
Votre bien-aimée vous informera aussi que les habitants et invités de l’hôtel sont tombés sous le pouvoir d’un chant étrange. Privés de la vue et de leur libre-arbitre, les occupants des lieux seront sensibles aux sons et voudront sans grand étonnement votre mort. Il faudra dès lors progresser sans un bruit.
Pour ne rien arranger, Thomas n’aura rien en sa possession pour se défendre. Vous trouverez un outil plus tard permettant d’immobiliser les ennemis. Toutefois il pourrait ne pas vous servir, tant éviter vos nouveaux camarades de jeu devient de plus en plus facile quand vous aurez compris leur méthode de fonctionnement.
Votre procession sera donc un éternel recommencement de marche accroupie mains sur la bouche, pour arrêter votre respiration, tout en évitant les ennemis. Sur papier, la tâche peut sembler compliquée, malheureusement il n’en est rien, la faute à quelques problèmes techniques et logiques.

L’I.A. est bien trop conciliante. Les ennemis ont des parcours très scriptés et sortent rarement de leur loop. Quant à leur réactivité face au bruit, sur laquelle la dynamique du jeu repose, elle est juste illogique et tourne même l’expérience au ridicule. Alors on doit stopper sa respiration sinon on est repéré, mais par contre on peut jouer du piano, activer des mécanismes bruyants et là… rien ! Un manque de crédibilité qui fait perdre de sa superbe à l’ambiance acoustique oppressante qu’est censée proposer le titre.
En cas de dégâts, l’écran sera encadré d’un halo rouge ensanglanté montrant la gravité de votre état selon sa taille et son intensité. Cela finit par agacer car ce cadre rouge ne partira que lorsque votre santé sera revenue à la normale. Soit quand vous aurez ingurgité une boisson de santé. Et finalement, on se surprend à la boire pour avoir la paix et retrouver un écran limpide.
Une narration en demi-teinte
Au fil de votre exploration, vous serez amené à trouver des notes, documents vous permettant d’en découvrir plus sur la vie du Sker Hôtel. Rien de bien innovant. Les gramophones, points de sauvegarde, sont eux la bonne idée pour rendre la narration plus intéressante. À chaque découverte d’un nouvel appareil, vous pourrez entendre l’enregistrement d’un moment passé à l’hôtel. On retiendra les chants d’Elizabeth, enivrants, preuves d’une direction artistique de qualité. Ces écoutes donnent indéniablement du relief à l’aventure et font un bel écho à l’ambiance visuelle de Maid of Sker.

Quelques cinématiques viendront s’ajouter à l’histoire mais resteront peu présentes. Elles auront au moins le mérite de rythmer les phases d’exploration. Durant celles-ci, vous rencontrerez les différents ennemis qui ne seront pas très variés. Le design des créatures est peu effrayant : un être humain avec le visage bandé mais cela reste au moins dans la logique et la lignée de l’histoire. Certains ennemis auront une apparence plus imposante, cependant sans apporter plus de danger.

Pour trouver un peu d’effroi, il faudra attendre pour se retrouver en face tout d’abord de l’oncle d’Elizabeth, sorte de géant faisant penser au Tyran dans Resident Evil 2 Remake. Tant dans son obsession à vous suivre à pas lourds que dans son apparence. Ensuite, le père d’Elizabeth qui, à défaut d’être coriace, permettra de varier l’expérience de jeu lors de sa rencontre.
Quant aux choix pouvant influencer le scénario, ils ne prendront place qu’à la fin en fonction de votre décision finale. Malheureusement, si vous avez bien écouté les enregistrements et lu les documents trouvés dans l’hôtel, vous comprendrez aisément où le jeu veut en venir. Le dénouement ne sera donc pas une surprise, on aurait apprécié une révélation de dernière minute. Le jeu maintient tout de même son audience grâce à son ambiance réussie et à ses légendes fantastiques qui donnent envie d’aller au bout du périple.
Finalement, faire le tour du scénario vous prendra 5 heures si vous êtes du genre à vouloir tout explorer et à la jouer prudent. Les plus francs et rapides pourront terminer le titre en 4 heures.
Note
12/20
Maid of Sker, fort de son ambiance ancrée dans le folklore gallois, échoue à proposer une aventure horrifique crédible. Le gameplay pâtit d’une I.A. mal calibrée et de faits de jeu illogiques. L’histoire convenue et le manque de challenge auront définitivement raison du Sker Hôtel et de ses résidents.
Laisse un commentaire